Passages

2006
Exposition Passages, 2006, Jean-Philippe Haure
Localisation : CSIS Jakarta
31 mai - 8 juin 2006
Organisateur :
Kupu Kupu - Gestion de projets artistiques

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Passages

Le croisement de l'abstraction et de la figuration, de la photographie et de la peinture.

Passage I

2005

Passage II

2005

Passage III

2005

Passage IV

2005
Abstact écrit par :
Jean Couteau
*Sociologue français, éminent critique d'art, spécialiste de la peinture d'Ubud, installé depuis trente ans à Bali.

Le concept artistique PASSAGES

J-Phillipe's Balinese Window to a Brotherly Soul (La fenêtre balinaise d'une âme fraternelle)

L'œil est d'abord attiré par les coulures de couleur aux teintes douces qui s'étalent sur la surface du papier. Des taches apparaissent ici, une texture de gravier là, des formes vagues se détachent puis se fondent. Une impression de calme et de paix se dégage de l'œuvre.

C'est l'"abstraction" à son meilleur : un langage d'émotions purement visuelles exprimées à travers ce qui ressemble à un monde de couleurs naturelles.

Pourtant, alors que l'œil se pose plus longuement sur le papier, une autre lecture se révèle, cette fois-ci figurative : derrière les lavis de couleurs pastel apparaissent les contours vagues, mais finement dessinés, d'une scène de village balinais "classique", à la fois cachés et révélés par la surface colorée. Nos émotions, éveillées par le côté abstrait de l'œuvre, sont maintenant guidées vers la jouissance visuelle d'une terre idyllique qui se trouve être Bali.

C'est dans la rencontre troublante - et l'équilibre - entre les mondes de l'abstraction et de la figuration que J-Philippe trouve le champ de son inspiration.

Ce n'est pas une tâche facile. L'un des problèmes classiques rencontrés par tout peintre est celui de la gestion de la ligne et de la couleur. Va-t-il laisser la couleur organiser non seulement l'espace et la composition, mais aussi le modelé des objets et des personnages, ou va-t-elle suivre un rythme de formes déterminé par une structure graphique ? Réciproquement, la ligne de dessin peut-elle conserver son autonomie d'expression lorsque son espace est "envahi" par la couleur ? Comment parvenir à un équilibre ?

Dans J-PHILIPPE, c'est la couleur qui structure le tableau. L'œuvre est avant tout abstraite ; son principal attrait est la composition de la couleur. Les scènes superposées sur la surface colorée suivent toujours le rythme de base de cette dernière. La ligne de dessin est toujours discrète, insérant en douceur le thème de Bali dans une atmosphère préexistante de l'âme. Mais l'intention n'est jamais descriptive.

C'est l'humeur de l'âme qui domine l'œuvre.

Si je n'aime pas la surface de lavage que j'ai faite," dit Jean-Philippe Haure, "Je ne continue pas. Je ne dessine rien. Je laisse le travail inachevé.

Une autre question classique à laquelle les artistes sont confrontés est celle de la "représentation". Quelle doit être la part de l'imaginaire, du spontané et de la réalité objective dans une œuvre d'art ? Si l'abstraction a sa propre "logique", généralement axée sur la couleur, la figuration fait appel à des références réalistes et symboliques. À cet égard, qu'est-ce qui peut être imité et qu'est-ce qui doit être "inventé" ?

Qu'en est-il du "réalisme" d'une photographie ? Dans quelle mesure révèle-t-elle la "réalité" ou l'"œil" du photographe ? Cette question est d'autant plus importante dans le cas de J-PHILIPPE que ses dessins sont basés sur des photographies.

Pourtant, il ne semble pas y avoir de problème. Ses photographies sont d'une très grande qualité - comme le montrent celles qui sont exposées avec les peintures. Leur insertion en tant que dessins permet la représentation de scènes et d'attitudes physiques qui ne sont pas envisagées dans la figuration ordinaire.

Enfin, J-PHILIPPE ne "duplique" pas strictement les photographies, mais leur "emprunte" des images. Il y a donc un enrichissement de la représentation : dans les photographies, ce qu'il montre est une "réalité choisie" qui devient une "figuration inventée" dans les peintures.

Réponse "sensible" au problème de la rencontre des genres, les peintures de J-PHILIPPE se situent exactement à l'intersection des genres. à la croisée de l'abstraction et de la figuration, de la photographie et de la peinture.

Exposition Passages, 2006, Jean-Philippe Haure

Qu'en est-il du contenu figuratif ? Les défenseurs de l'art contemporain ne manqueront pas de critiquer les thèmes de l'artiste : "Bali. Exotique", diront-ils, sans même regarder ses œuvres de près. Et lui reprocheront d'être l'appropriation post-coloniale, par un étranger, d'un monde qu'il ne connaît pas. Oui, certes, mais n'y a-t-il pas encore de la beauté à Bali, que peu d'artistes révèlent avec autant de talent que J-PHILIPPE ?

Et pourquoi un artiste devrait-il s'intéresser à la politique de l'art contemporain si sa sensibilité le met "dehors" et fait de lui un "marginal" dans le monde moderne. N'a-t-il pas le droit de trouver la vie du village balinais plus cohérente et plus équilibrée que la vie moderne ?

N'a-t-il pas le droit, lui aussi, d'ignorer dans son œuvre les contradictions et la laideur de la vie quotidienne et d'idéaliser l'esthétique et la cohésion sociale que l'on trouve encore dans le Bali traditionnel ?

Plus profondément, les peintures de J-PHILIPPE sont tout sauf exotiques. L'exotisme est au fond un "malentendu". Elle souligne les différences extérieures d'une culture, comme si ces différences en représentaient le cœur, alors qu'elles ne sont que des détails.

En ce qui concerne Bali, l'exotisme tourne autour des cérémonies, des offrandes et autres, tout ce qui a contribué à l'image paradisiaque de l'île. Mais ce n'est pas ce qui intéresse J-PHILIPPE. Les personnages qu'il représente dans ses œuvres ne surprennent pas par leur "altérité", mais par l'intimité qu'ils dégagent. Ce qu'il voit en eux, ce sont des gestes corporels ordinaires et un sentiment d'appartenance.

Humains innocents comme nous devrions tous l'être. Cette perception de Bali comme terre d'innocence est très personnelle : J-PHILIPPE ne nous l'impose pas, mais la révèle, comme peu à peu, sur le fond de ses lavis de couleurs. La principale qualité de l'artiste apparaît ici, au-delà de son style et de sa technique : sa sensibilité d'homme de foi, ouvert aux autres hommes et à l'Humanité dans son ensemble.

J-PHILIPPE n'est pas un artiste narcissique, obsédé par son travail et par lui-même. Vous pouvez le rencontrer à plusieurs reprises, mais il ne parlera jamais de lui et ne laissera jamais entendre qu'il est un "artiste" avec un "message". Il vous laissera, ou laissera à d'autres, le soin de parler d'"art", d'"expression", de "concept", etc.

Mais, à l'insu de tous, de retour dans sa maison située dans un champ non loin du village de Mas, près d'Ubud, que va-t-il faire ? Il va entrer dans son petit atelier lumbung (grenier), s'y enfermer, prendre un crayon à dessin, ouvrir son ordinateur et, seul, se lancer dans le monde de ses rêves, personnel, intime, sensiblecomme les œuvres qui naîtront bientôt sous ses mains.

La discrétion et la sensibilité sont en effet le fil d'or de J-PHILIPPE.

Il n'est pas venu de France en Indonésie par le biais du tourisme - pour "découvrir Bali" ; il n'est pas non plus venu attiré par les opportunités économiques - pour travailler. Il est plutôt venu poussé par la foi - pour servir.

Issu d'une famille catholique et diplômé de l'école réputée ".Ėcole Boulle"Il est arrivé à Bali en 1991 en tant que jeune frère laïc catholique fidèle, désireux de développer une école d'artisanat créée à Gianyar par la communauté catholique à l'initiative d'un prêtre français, le Père Le Coutour. Une fois à Gianyar, et bientôt à Mas, il trouve dans la vie villageoise qui l'entoure une atmosphère paisible qui convient à son âme méditative et très religieuse.

Il a vu dans les gens qui l'entouraient des frères se comportant comme des frères, et vivant dans un pays où la religion est encore associée à la vie communautaire et à l'unité.

Ce qu'il y a de bien avec un artiste comme J-PHILIPPE - droit, travailleur et discret - c'est qu'il est presque certain qu'il restera insensible aux modes et que ses œuvres futures, quelle que soit leur évolution stylistique, continueront à être marquées du sceau de la sensibilité qui est la principale qualité de l'homme.

Exposition Passages, 2006, Jean-Philippe Haure

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erreur: © Jean-Philippe Haure